Irène Zurkinden- Parisienne

Du 1er février au 23 mars 2024, la Galerie Raphael Durazzo présente « Irène Zurkinden Parisienne », la première exposition monographique consacrée à la peintre bâloise d’avant-garde Irène Zurkinden (1909-1987). L’exposition rassemble un ensemble de peintures et d'œuvres sur papier couvrant la pratique révolutionnaire d’Irène Zurkinden au cours de ses années passées à Paris, dans les années 1930.
Irène Zurkinden naît en 1909 à Bâle, en Suisse. Elle commence par étudier à la très traditionnelle école des arts Bâloise ou ses professeurs, quoi qu’artistes renommés, sont en marge des mouvements d’avant-garde émergents en parallèle. En 1929 elle reçoit une bourse lui permettant de se rendre à Paris et de s’inscrire à l’Académie de la Grande Chaumière. C’est là qu’Irène Zurkinden s’immerge entièrement dans le groupe surréaliste avec son amie d’enfance, Meret Oppenheim, avec laquelle elle partage un appartement. C’est aussi à Paris, en 1934, qu’elle fait la connaissance du jazzman métisse germano-brésilien Kurt Fenster avec lequel elle vit entre Bâle et Paris jusqu’à son retour définitif en 1942. Dès son retour Irène Zurkinden rejoint le collectif d’artistes antifascistes nommé Gruppe 33 avec lequel elle participe à plusieurs expositions. 
Rompant progressivement avec l’esprit de ses maîtres au fil de sa carrière, Zurkinden n’a de cesse de faire évoluer son style impressionniste sans jamais s’en départir tout à fait. Ce choix l’oppose autant avec le milieu artistique dans lequel elle a fait ses débuts qu’avec les courants d’avant-garde successifs auxquels elle participe sans jamais tout à fait s’y conformer. L’autoportrait présenté au sein de l’exposition est un des premiers témoins de la primauté de l’instant et de cette volonté de saisir le mouvement. La représentation de paysages urbains ou de portraits déstructurés sont précurseurs des recherches de Cecily Brown ou de George Condo. En particulier ceux de ses compagnes qu’elle représente nues, dès les années 30, dans des positions lascives, intimes, étant en cela précurseur de nombreuses artistes contemporaines. La représentation du corps de la femme par la femme est chez ces artistes la marque d’une volonté d’émancipation autant que l’affirmation d’une singularité parfaitement indépendante des recherches de leurs homologues masculins. Tout au long de sa vie, Zurkinden est en tension entre les obligations familiales et son travail d’artiste.